Alix est une série de bande dessinée écrite et dessinée par Jacques Martin à partir de 1948, publiée par les éditions Casterman dont les intrigues se déroulent à l'époque de Jules César, principalement à Rome, en Gaule, en Mésopotamie, en Afrique et en Asie Mineure. Le style des dessins est apparenté à la ligne claire. La série porte le nom de son héros, esclave d'origine gauloise devenu citoyen romain et proche de César.
Auteurs
Créateur d'Alix, Jacques Martin a longtemps assuré seul les scénarios et le dessin de la série.
De 1998 à 2005, Rafael Morales dessine la série en collaboration avec Marc Henniquiau, tandis que Jacques Martin continue à préparer les scénarios, le découpage et la mise en place.
Une seconde équipe a vu le jour en 2004, avec la mise en chantier d'un nouvel album, dessiné par Cédric Hervan, qui a maintenant cédé sa place à Christophe Simon. Depuis l'album C'était à Khorsabad (2006), Jacques Martin a arrêté de faire les découpages et les esquisses de chaque planche comme il en avait l'habitude jusque-là, malgré son âge et ses problèmes de vue. Il a alors réalisé des synopsis (résumés assez courts mais complets de l'intrigue) et c'est un scénariste qui s'est chargé de la mise en pages.
Parallèlement à l'équipe Simon-Weber, une deuxième équipe s'est mise en place, constituée du dessinateur belge Ferry, toujours associé à Patrick Weber. Cette équipe a réalisé La Cité engloutie, le 28e épisode de la série.
Le projet de reprendre la série a été confié à Marco Venanzi qui a écrit et scénarisé le 29e tome sorti en octobre 2010[1]. D'autres auteurs ont suivi pour les tomes suivants.
héros de la série, jeune esclave d'origine gauloise qui devient le fils adoptif d'un riche romain, Honorus Galla. Ami de César, il est caractérisé par son courage exemplaire et le tiraillement entre son origine gauloise et son adoption romaine. Il aura un fils avec Lidia Octavia, sœur de l'empereur Auguste, Titus (voir la série Alix Senator).
ce garçon de quatorze ans, qui ne devait pas au départ devenir un des principaux personnages, est le fidèle ami d'Alix[2]. Les deux jeunes gens se rencontrent à Alexandrie dans l'épisode Le Sphinx d'or pour ne plus se quitter. Il devait intervenir uniquement dans cet album, mais à la suite des demandes des lecteurs il devient l'un des principaux protagonistes de l'histoire. Enak semble être un prince égyptien à partir de l'album Le Prince du Nil - bien que le doute subsiste quant à la réalité de ce titre. Il aura un fils nommé Képhren, né d'une suivante de la reine Cléopâtre (voir la série Alix Senator).
ennemi juré des héros qu'ils retrouvent à de nombreuses reprises sur leur chemin. Il est fourbe et cruel. Il apparaît dans l'album Alix l'intrépide, album où il achète Alix et en fait son esclave.
Adroclès
frère d'Arbacès, il est moins violent que ce dernier mais tout autant retors. Il manifeste néanmoins une admiration (réciproque) pour Alix. Il apparaît dans La Tour de Babel et dans Le Cheval de Troie.
jeune Spartiate, fils de la dernière reine de Sparte, il deviendra le protégé d'Alix après la mort de sa mère et la destruction de la citadelle sur laquelle elle régnait.
Horatius
général de plusieurs légions et ferme soutien de César, il sera le tuteur d'Héraklion et un grand ami d'Alix, souvent sauveteur providentiel. Il meurt dans l'album Le Cheval de Troie.
César
Jules César, lui-même, protecteur d'Alix même si la conscience de ce dernier s'oppose parfois aux intérêts du grand homme.
Cléopâtre
la célèbre reine d'Égypte qu'Alix aura l'occasion de rencontrer.
Pompée
Pompée, personnage historique, ex-allié désormais rival de César. Il cherchera souvent à éliminer Alix, sans y parvenir.
Vanik
cousin gaulois d'Alix qui devient agent et soutien de César en Gaule.
Alix rencontre de nombreux personnages secondaires : Numa Sadulus, Senoris, Qaâ... mais également des personnages historiques comme Vercingétorix, Jules César, Pompée, Auguste, Livie...
Titres parus
Histoire de la publication
Série Alix.
Alix est d'abord paru en feuilleton dans le Journal de Tintin, à partir du no 38 du . Trois autres aventures ont paru avant d’être reprises en album cartonné aux éditions du Lombard, qui continuera comme éditeur jusqu’au cinquième album en 1959 (La Griffe noire). L’association avec Tintin s'est terminée avec Vercingétorix en 1985. Depuis, les titres paraissent uniquement en album. La maison Casterman a repris la série en 1966 avec le sixième album, mais les premiers titres restaient indisponibles jusqu’en 1969-1973.
Une série animée sur l'univers de Alix a été produite en 1999 par une société de production française.
À partir de l'album Le Testament de César, le premier à paraître après la mort de Jacques Martin, l'ordre chronologique de la série ne correspond plus à l'ordre de parution des albums. Certains sont datés et font référence à des intrigues d'albums précédents, par exemple, Le Testament de César, vingt-neuvième album de la série se déroule avant L'Ibère, le vingt-sixième album. En effet, il est fait référence à la campagne en Hispanie que César va partir mener contre les fils de Pompée dans ce dernier album, campagne à laquelle on assiste dans L'Ibère. Par la suite, d'autres albums sont eux-mêmes venus s'intercaler chronologiquement entre plusieurs autres précédemment publiés.
En 2012, ce sont plus de 25 millions d'exemplaires d'Alix qui ont été vendus[3].
En octobre 2010 est sorti le 29e tome de la série, premier épisode à sortir depuis la mort de Jacques Martin en janvier. Ce tome, scénarisé et dessiné par Marco Venanzi, est intitulé Le Testament de César[1].
Le sort le premier tome d’Alix Senator intitulé Les Aigles de sang[4], écrit par Valérie Mangin et dessiné par Thierry Démarez, d'après le personnage créé par Jacques Martin. L'histoire d’Alix Senator se déroule lorsque Auguste est nommé empereur, soit plus d'une vingtaine d'années après les aventures d'Alix. Alix est devenu sénateur et vit à Rome avec son fils Titus et Khephren, le fils d'Enak (ce dernier étant apparemment mort en Égypte dans des circonstances encore inconnues, à la suite des décès de Cléopâtre et Marc-Antoine). Le meurtre sauvage de son ami Agrippa (beau-frère d'Auguste) par un aigle aux serres d'or le sort de sa retraite d'aventurier. Il est alors chargé par Auguste de mener discrètement l'enquête ; rapidement, les initiatives de ses fils font progresser l'enquête.
Cette série d'albums illustrés retrace la géographie et l'histoire de l'Antiquité avec des illustrations inspirées des aventures d'Alix. Ces ouvrages sont surtout des ouvrages de documentation, le but étant de découvrir l'Antiquité sous un crayon semblable à celui de Jacques Martin, de représenter des sites antiques tels qu'ils étaient à l'époque.
Les Voyages d'Alix, série créée par Jacques Martin
Il ne s'agit pas ici de la série créée par Jacques Martin, lequel n'intervient pas dans l'élaboration de ces albums. Chaque album de cette série de bande dessinée présente la biographie romancée d'un personnage clé de l'Antiquité. Quand l'époque l'autorise, Alix est d'ailleurs présent en tant que personnage secondaire. Le scénario des trois premiers albums est de François Maingoval.
En paraît le premier volume d'Alix Origines : L’Enfance d’un Gaulois, sur la jeunesse du personnage. Le scénario est signé Marc Bourgne et Laurent Libessart assure le dessin et les couleurs.
La décision de créer une série explorant l'enfance d'Alix revient à Benoît Mouchart, directeur éditorial bande dessinée des Éditions Casterman, qui souhaitait ainsi renouveler le lectorat et gagner un public jeune (à partir de dix ans) qui ne lit plus Alix. Pour écrire cette nouvelle série, Benoît Mouchart a sollicité Marc Bourgne, qu'il connaît depuis l'adolescence et qu'il sait grand admirateur d'Alix, lequel a proposé que le dessin soit confié à Laurent Libessart, qui avait déjà dessiné une série se déroulant dans la Gaule antique (Le Casque d'Agris[6]). Benoît Mouchart a souhaité s'éloigner graphiquement de Jacques Martin pour trouver un style plus inspiré du manga, tout en insistant sur l'exactitude historique du récit et des dessins.
Marc Bourgne imagine quel aurait pu être le passé d'Alix avant qu'on ne le découvre jeune esclave dans la cité assyrienne de Khorsabad dans Alix l'intrépide, le premier album de la série-mère, à partir des quelques éléments donnés par Jacques Martin dans les albums Alix l'intrépide, Le Sphinx d'or, Iorix le grand et C'était à Khorsabad, en souhaitant tout à la fois conquérir un jeune lectorat et faire plaisir aux « vieux fans » dont il déclare faire partie[7].
Le premier tome se situe en , soit 8 ans avant Alix l'intrépide et présente le jeune Alix, fils d'Astorix, chef du peuple gaulois des Éduens, dont il est destiné à suivre les traces, qui va devoir déjouer un complot qui menace sa famille.
Icarios, éd. Point Image - JVDH, coll. Paroles & Croquis no 2, 2002. Carnet de croquis de Rafael Moralès et Jacques Martin, préliminaires à La Chute d'Icare, 800 ex.
Les Voyages d'Alix - Persépolis, éd. Point Image - JVDH, coll. Paroles & Croquis, 2003. Carnet de croquis de Cédric Hervan et Jacques Martin A5, 500 ex.
Alix, 60 ans de couvertures, Casterman, 2008. Toutes les couvertures d'Alix pour le journal Tintin agrémentées d'une biographie détaillée et de nombreux dessins restés inédits.
Albums d'entretiens illustrés
Michel Robert (interview) et Jacques Martin, La Voie d'Alix, entretiens avec Jacques Martin, Dargaud, coll. « Alix »,
Ces romans publiés par Casterman sont écrits par Alain Hammerstein et illustrés par Jean-François Charles. Certains adaptent des histoires déjà existantes, d'autres sont inédites.
Thérèse de Cherisey et Jacques Martin, Rome - Itinéraires avec Alix, Casterman, collection « City guides Itinéraires », 2009
Disque
Alix l'intrépide, disque 33 tours 25 cm S coll. Le Disque d'Aventure no 7, éd. Festival, par Jean Maurel, 1960. Voix d'Alix : Claude Vincent.
Série animée
Alix, série animée en 26 épisodes de 24 minutes, éd. Carrère/Projet Images Films/Sipec/Videal, pour FR3 et Télé München, 1998. Voix d'Alix : Christophe Lemoine. Édition VHS 1999 et DVD 2002.
Statuettes
Statuette Alix, éd. Leblon-Delienne/Casterman, 999 ex., 2000 (1re version antérieure : couleur de peau et chevelure différents)
Un jeu de plateau, Le Grand Jeu Alix, Stratégie et conquête dans le monde antique, est édité par Casterman.
Analyse
Inspirations
Si le premier épisode reprend fortement Ben-Hur, que ce soit dans son pitch, ses scènes, et parfois même ses plans, les albums suivants sont l'occasion d'un approfondissement du personnage d'Alix et d'un élargissement de l'action[13].
Dans plusieurs albums, la politique contemporaine est transposée dans des histoires, que ce soit la collaboration dans Les Proies du volcan où un chef justifie d'avoir livré les otages aux envahisseurs ou la guerre d'Algérie dans La Griffe Noire (des officiers romains massacrent les habitants d'une ville sous un prétexte fallacieux) et Le Dieu sauvage (le mot de passe des sentinelles étant la devise de Thomas Robert Bugeaud)[13].
Malgré quelques imprécisions dans les décors (présence des contreforts turcs et vénitiens sur le mur de soutènement de Cimon, du belvédère de la reine Amélie et du musée archéologique à Athènes) et les costumes (les tenues gauloises ressemblent surtout à des vêtements du Second Empire), les reconstitutions historiques des décors sont souvent très fidèles et exactes[13].
La représentation des mœurs oscille quant à elle entre la réalité historique et le cliché, puisant dans les œuvres de Suétone (Le Fils de Spartacus), Pétrone (Iorix le Grand) et Carcopino[13].
Homoérotisme dans l'univers d'Alix
La question a été posée à de nombreuses reprises de savoir s'il y a de l'homoérotisme[14],[15],[16], voire une éventuelle relation homosexuelle entre le héros et son compagnon Enak. L'homoérotisme passerait notamment par le dessin du corps des hommes, souvent peu vêtu dans la mesure où l'époque et le climat le permettaient. Il est accentué par le faible nombre de femmes apparaissant dans la série, et l'absence de relations amoureuses dépeintes ouvertement, initialement en raison de la censure dans les années 1950[17].
Par ailleurs, la probabilité d'une telle volonté artistique apparaît faible, car malgré tout les deux principaux protagonistes auront par la suite des relations intimes avec des personnes de l'autre sexe (il est sous entendu à de nombreuses reprises qu'Alix aurait eu des relations sexuelles avec la reine Cléopâtre, et Enak a un enfant avec une de ses servantes). Enfin, précisons que les deux personnages poseront nus ensemble pour une sculpture sans paraître gênés ou excités l'un par l'autre, on ne peut donc pas proprement parler d'homoérotisme.
Toutefois, à l'appui de cette interprétation, les magazines Le Gai Pied etTêtu ont publié des illustrations d'Alix et Enak et des articles sur la série[18]. Les deux héros sont devenus des icônes gay dans la communauté homosexuelle en France[17].
Dans plusieurs interviews, Jacques Martin s'est exprimé sur ce sujet, en refusant de trancher le débat[17] :
« À la réflexion, il y a tout lieu de penser et de constater que certains groupes homosexuels se sont emparés d'Alix et d'Enak comme des images emblématiques malgré le fait qu'ils n'aient pas du tout été créés pour cela. Ainsi donc, je pense que cette situation est irréversible parce que beaucoup d'homosexuels ont besoin de figures de proue et qu'ils s'identifient à ce duo libre, fier et esthétiquement réussi[19] ».
« C'est au lecteur de réagir selon sa sensibilité parce qu'Alix et Enak sont à mon sens, des archétypes du monde antique. Toutefois dans les images de mes albums, il n'y a aucune vignette provocatrice et rien n'indique qu'ils aient des rapports intimes. Mais, il est évident que je ne peux empêcher certain lecteur d'imaginer, d'affabuler ou même de fantasmer sur ces deux personnages car j'en conviens ils peuvent prêter à toutes sortes d'interprétation[19] ».
↑Jean-Yves Alt, « Alix, une série culte de Jacques Martin », sur blog.com, Contribution subjective à une mémoire gaie : littérature, cinéma, arts, histoire..., (consulté le ).
↑ ab et c(en) Annessa Ann Babic, Comics as History, Comics as Literature: Roles of the Comic Book in Scholarship, Society, and Entertainment, Rowman & Littlefield, (ISBN978-1-61147-557-9, lire en ligne), p. 20.
↑Le Gai Pied no 105 du 4 au 10 février 1984 et no 305 du 30 janvier au 5 février 1988, Têtu no 141 de février 2009.
David Barroux, « Les héros de Jacques Martin revivent grâce à Casterman », Les Échos, (lire en ligne)
Les Mondes d'Alix, L'Histoire, hors-série no 6, février 2018, p. 100
Jacques Martin, Benoît Mouchard et Stéphane Beaujean, « Jacques Martin : Alix l'Intrépide », Kaboom, no 6, , p. 60-66.
Gaëtan Akyüz, Stéphane Beaujean, Romain Brethes et Pauline Ducret, Alix, l’art de Jacques Martin, Casterman, (ISBN978-2-203-17735-2, lire en ligne)
Contributions de Stéphane Beaujean, Pauline Ducret, Romain Brethes, Didier Pasamonik, Yann Potin et Gaëtan Akyüz.
Henri Filippini, « Alix, t. 33 : Britannia : Alix chez les Britons », dBD, no 83, , p. 74.
Vidéographie
Les héros de papier ne meurent jamais, réalisé par Xavier Truti et Jean-Michel Dury, DVD Ere Productions, 2009. Film documentaire de 54 minutes consacré à la vie et à la carrière de Jacques Martin.
Article connexe
Alcibiade Didascaux, histoire des civilisations en bande dessinée (Gaule, Grèce et Égypte)