La consonne fricative alvéolo-palatale sourde est un son consonantique assez peu fréquent dans les langues parlées. Son symbole dans l’alphabet phonétique international est [ɕ]. Ce symbole représente la lettre latine C minuscule, dont le bras inférieur se termine par une boucle interne recroisant ce bras.
Caractéristiques
Voici les caractéristiques de la consonne fricative alvéolo-palatale sourde.
Son mode d'articulation est fricatif, ce qui signifie qu’elle est produite en contractant l’air à travers une voie étroite au point d’articulation, causant de la turbulence.
Son point d'articulation est alvéolo-palatale, c'est-à-dire palatale, laminale et post-alvéolaire, ce qui signifie qu'elle est articulée avec la lame de la langue derrière la crête alvéolaire en même temps que le corps de la langue se lève au palais.
Sa phonation est sourde, ce qui signifie qu'elle est produite sans la vibration des cordes vocales.
C'est une consonne orale, ce qui signifie que l'air ne s’échappe que par la bouche.
C'est une consonne centrale, ce qui signifie qu’elle est produite en laissant l'air passer au-dessus du milieu de la langue, plutôt que par les côtés.
Son mécanisme de courant d'air est égressif pulmonaire, ce qui signifie qu'elle est articulée en poussant l'air par les poumons et à travers le chenal vocatoire, plutôt que par la glotte ou la bouche.
En polonais, la chuintante mouillée ś[ɕ] (s devant i, si devant une autre voyelle) s'oppose à la chuintante dure sz[ʂ].
En russe, la chuintante щ[ɕ:] s'oppose à la chuintante rétroflexe ш[ʂ].
En japonais, le phonème /s/, s'il est suivi des phonèmes /i/ ou /j/, s'assimile en [ɕ] : /s/ + /i/ → [ɕi] et /s/ + /j/ → [ɕ]. し (ou シ) est prononcé [ɕi], et donc romanisé en shi au lieu de si.
En coréen, la fricative alvéolo-palatale sourde intervient sous forme simple [ɕ], aspirée [ɕʰ] et durcie [ɕ͈], au travers des jamos ㅅ et ㅆ lorsqu'ils précèdent les phonèmes /i/ ou /j/, comme dans les mots 시 [ɕ~ɕʰi] "poème" et 씨 [ɕ͈i] "graine".
En mandarin, la consonne fricative alvéolo-palatale sourde existe et est notée par x en hanyu pinyin. Cette consonne peut se trouver au sein d'un affriquée alvéolo-palatale sourdeaspirée ou non et est alors écrite respectivement q [tɕʰ] ou j [tɕ]. Ces trois consonnes alvéolo-palatales [tɕ tɕʰ ɕ] sont en distribution complémentaire avec les consonnes alvéolaires [ts tsʰ s], rétroflexes [tʂ tʂʰ ʂ] et vélaires [k kʰ x]. En effet les alvéolo-palatales se trouvent qu'à l'initiale de syllabes dont la finale commence par [i] ou [y], alors que les alvéolaires, les rétroflexes et les vélaires ne se trouvent qu'à l'initiale de syllabes dont la finale ne commence pas par ces voyelles. On peut donc considérer [tɕ tɕʰ ɕ] comme des allophones soit de [ts tsʰ s], soit de [tʂ tʂʰ ʂ], soit de [k kʰ x].
En suédois, /ɕ/ est un phonème contrastif et prononcé [ɕ] dans presque tous les dialectes, excepté en suédois de Finlande, où il est affriqué et prononcé [t͡ɕ] et [ɕ], et utilisé comme un allophone de /ɧ/.
Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation, par exemple la nasale n represente une dentale ou une alvéolaire.
Les affriquéest͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligaturesʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
Les occlusivesinjectivessourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ƙ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).