Une langue vernaculaire est la langue locale communément parlée au sein d’une communauté. Ce terme s’emploie souvent en opposition avec les termes de langue véhiculaire, standard, classique ou liturgique.
Par exemple, la liturgiecatholique romaine en latin, était la même dans le monde entier : le latin servait de langue liturgique véhiculaire. Dans le même temps et depuis, l’enseignement de la religion se fait en langue locale, la langue vernaculaire. Le Pape parle italien, mais les chants liturgiques peuvent rester en latin, ainsi que des textes bibliques.
Cette distinction se retrouve dans les échanges économiques et commerciaux d’aujourd’hui, où l’anglais sert de langue véhiculaire face à la multitude des langues vernaculaires.
Étymologie
Le mot « vernaculaire » vient du latin vernaculum qui désignait tout ce qui était dressé (esclaves compris), élevé, tissé, cultivé, confectionné à la maison, par opposition à ce que l’on se procurait par l’échange. Son sens s’est rapproché de celui des mots « autochtone » ou « indigène ». C'est l'écrivain romain Varron (né en 116 av. J.-C. et mort en 27 av. J.-C.) qui utilise le premier cet adjectif dans le contexte linguistique[1].
Après la mort de Charlemagne, les petits-fils de l'empereur se disputèrent l'Empire carolingien. Charles II le Chauve et Louis II de Germanie scellèrent ainsi une alliance contre leur frère aîné, Lothaire Ier, par les Serments de Strasbourg en 842. Afin de pouvoir être compris par les soldats de leurs frères respectifs, de courts extraits des Serments de Strasbourg furent rédigés en deux versions : l'une en roman (proto-français), et l'autre en germanique ou tudesque (francique rhénan). Il s'agit sur ce territoire du premier document officiel rédigé en langue vernaculaire[3].
La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite plus de 800 langues vernaculaires et en fait le pays le plus linguistiquement diversifié au monde, reflétant sa diversité culturelle. Parmi les plus notables figurent Hiri motu, Tok Pisin, Kuman, Enga et Melpa[4]. La préservation de ces langues, parlées par des communautés souvent isolées, est essentielle pour maintenir leur patrimoine culturel et pour mieux comprendre la diversité linguistique mondiale.
[1953] (fr + en) G. J. Platten, L'Emploi du vernaculaire comme langue d'enseignement dans le Pacifique Sud [« The use of vernacular languages as vehicles of instruction both in school and out of school and the related problems of teaching in languages other than the vernacular in the South Pacific »] (Rapport préparé sur la demande de l'UNESCO), Sydney (Australie), Commission du Pacifique Sud, , 38 p., In-4° (OCLC459533802, BNF33877192, SUDOC106421905, présentation en ligne).
[1971] Jean Recurt, Langues latine et vernaculaire dans l'Église : textes et documents, Paris, Association Una vote, coll. « Una Voce » (no 2), , 19 p., 24 cm (OCLC842341919, BNF43226362, présentation en ligne).
[1987] Alain Viaut (d), Centre d'études des Cultures d'Aquitaine et d'Europe du Sud (d), L'Occitan gascon en Catalogne espagnole : le Val d'Aran, du vernaculaire au formel, Talence (Gironde), Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine (d) (M.S.H.A.), coll. « Publications de la M.S.H.A. (ISSN0154-2257) » (no 105), , 193 p., 24 cm (ISBN2-85892-109-1, OCLC495936460, BNF36630008, SUDOC005392713, présentation en ligne).
[2008] Ž̕iva Vesel, Les encyclopédies persanes : culture scientifique en langue vernaculaire (Actes de congrès), Turnhout (Belgique), Brepols (réimpr. 2009 et 2010) (1re éd. 2008), 40 p., 24 cm (OCLC780766831, BNF45137298, SUDOC149158343, présentation en ligne) — Extrait de : Une lumière venue d'ailleurs : Héritages et ouvertures dans les encyclopédies d'Orient et d'Occident au Moyen Âge, 2008.