Les mots-simples ou mots du tableau (« tabelvortoj » en espéranto) sont des mots couramment utilisés dans les phrases en espéranto. Ils sont de classes grammaticales différentes : adjectifs, pronoms et adverbes.
Dénomination
Les mots-simples sont connus sous le nom de mots du tableau, ou tabelvortoj en espéranto, parce qu’ils sont souvent présentés sous la forme d’un tableau[1]. Les mots-simples sont aussi communément appelés corrélatifs, toutefois, il s’agit d’une appellation trompeuse, car seulement certains d’entre eux sont effectivement des corrélatifs.
Tableau
indéfini (quelque)
interrogatif/relatif (que, quoi)
démonstratif (ce, ça)
collectif (tout, chaque)
négatif (aucun)
i–
ki–
ti–
ĉi–
neni–
individu ou désignation (personne)
–u
iu (-jn)[N 1] une personne quelconque (quelqu'un, un certain)
Dans la Lingvo universala, créée par Zamenhof en 1881-1882, les mots-simples existent déjà, sans toutefois être aussi complet qu’ils ne le sont aujourd’hui et sous une forme différente[3]. Les mots-simples alors attestés sont présentés dans le tableau ci-dessous. Aucune forme possessive (finissant par -es) n’est attestée[3]. Les formes interrogatives/relatives admettent des formes abrégées[3], également présentées dans le tableau.
indéfini (quelque)
interrogatif/relatif (que, quoi)
démonstratif (ce, ça)
collectif (tout, chaque)
négatif (aucun)
k–
kv– (et abréviation)
f–
ć–
fi–
individu
–u
-
kvu ou ku
fu
ćiu
fiu
qualité
–a
-
kva
fa
-
-
chose
–o
-
kvo ou ko
fo
ćio
fio
lieu
–i
-
-
fi
ćii
-
manière
–e
-
kve ou ke
fe
-
-
cause
–ej
-
-
fej
-
-
temps
–an
kan
kvan
fan
ćian
fian
quantité
–om
kom
-
-
-
-
Mise sous forme de tableau
En 1887, le livre Langue Internationale, présentant le projet de langue élaborée par Zamenhof, est publié en russe. Ce livre ne contient pas de présentation des mots-simples sous la forme d’un tableau[3]. De plus, certains mots-simples étaient absents du dictionnaire joint au livre : ĉial, ĉiel, ĉies, ĉiom, nenial, neniom, ties[3]. C’est Léopold Einstein qui, l’année suivante, propose la présentation sous forme tabulaire[3]. Le tableau d’Einstein n’est pas complet : il manque la série en -es, ainsi que ĉial, ĉiel, ĉiom, nenial et neniom[3]. Il faut attendre encore deux ans, en 1890, pour que le tableau soit publié en entier, dans le livre Poŝa Lernolibro por Rusoj[3].
Réformes
En 1894, Zamenhof propose une grande réforme de la langue, qui inclut notamment la suppression du système régulier des mots-simples, pour quelque chose de plus proche des autres langues[3].
Ali-, nouveau préfixe ?
Plusieurs propositions ont été faites pour faire de la racine ali-, utilisée pour former des mots comme alia (« autre ») ou alie (« autrement »), un nouveau préfixe des mots-simples. Cette proposition est très critiquée et rejetée par la plupart des espérantistes. [4].
↑Les -j et -n entre parenthèses indiquent la possibilité pour les pronoms et adjectifs relatifs en question d’être à l'accusatif (-n), au pluriel (-j), ou les deux (-jn).
↑D’après le PMEG, les mots-simples en -o ne peuvent normalement pas recevoir la marque du pluriel[2]. Toutefois, il est possible de trouver des attestations au pluriel dans des corpus d’espéranto.
↑Les mots ie, kie, tie, ĉie, nenie, marquant le lieu, peuvent être suffixés par -n pour indiquer le mouvement vers un lieu atteint ou à atteindre, à l'identique des autres adverbes en "e".
↑ĉiom est globalisant, tandis que iom est indéfini. Dans le cas d'une quantité, i- signifie « une certaine (indéfinie) quantité) ». ĉiom signifie donc ici « toute la quantité » plutôt que « toutes les quantités », qui aurait fait doublon avec iom.
↑Michel Duc-Goninaz, « Les influences slaves en espéranto », Cahiers de linguistique, d'orientalisme et de slavistique, vol. 3-4, , p. 53 (OCLC1048770462)
Jacques Joguin (préf. Renée Triolle, Georges Lagrange), Parlons espéranto. La langue internationale, Paris, L'Harmattan, coll. « Parlons... », , 2e éd., 303 p. (ISBN2-7475-0355-0, lire en ligne).