Créée à la fin du XIIe siècle en faveur de la famille de/des Baux, la principauté passe par mariage aux Chalon, en 1393, puis à neveu issu de la maison de Nassau, en 1530. Ces derniers la conservent jusqu'à leur renoncement officiel en 1713, après plusieurs occupations françaises et la mort de son dernier représentant Guillaume III d'Orange-Nassau († ), roi d'Angleterre.
Selon Joseph de La Pise, greffier au Parlement d'Orange et auteur d'une histoire de la principauté d'Orange, à la suite de son père Jacques de la Pise (1607), qui dédie ses travaux en 1639 à son prince le stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau[1], la principauté a appartenu à « quatre races qui y ont régné souverainement »[2], les Nice-Orange, les Baux, les Chalon, les Nassau[3]. Il désigne comme fondateur de cette principauté « Guillaume au Cornet »[2], un héros légendaire médiéval, farouche guerrier, défenseur de la papauté et libérateur de la cité d'Orange occupée par les Sarrasins, vers 793, et sujet d'une chanson de geste[1],[3].
Au milieu du Xe siècle siècle, les Mévouillon« suivent, au gré des alliances et des donations en précaires, un mouvement de migration d'ouest en est et se fixent, peu à peu, sur la rive gauche du Rhône, dans une région qui est comprise entre Orange et le Nyonsais et qui est actuellement à cheval sur le nord du département du Vaucluse et le sud du département de la Drôme. »[4]
Le territoire passe vers le milieu du XIe siècle au lignage provençal des Nice-Orange-Mévouillon,. le milesRaimbaud (entre 1032 et 1062) porte dans un acte l'épithète d'Orange (Cartulaire de la cathédrale de Nice, 8, , Raimbaldus Autdeperus, plus probablement Aurasicensis)[5],[6]. « Bien que cette interprétation soit douteuse » (Varano, 2011)[6], des historiens se sont intéressés à la provenance de ces biens dans les environs d'Orange, optant soient par l'achat, soit par deux des trois mariages de Raimbaud, selon l'hypothèse de Ripert-Monclar (1907)[5],[6]. Raimbaud et sa femme Adélaïde/Azalaïs de Reillanne acquièrent les biens de l'Église d'Orange[7], expliquant notamment la vacance du siège épiscopal vers 1064/1070[6].
Son petit-fils, Raimbaud II, est qualifié de comte d'Orange, ainsi que la fille de ce dernier, Tiburge d'Orange (Tiburgis de Aurasica civitate)[6].
Françoise Gasparri (1985), archiviste-paléographe, rappelle que la principauté est fondée, dans des circonstances qui restent inconnue en l'état actuel des connaissances, par Tiburge II († apr. )[8]. La maison seigneuriale des Baux obtient le contrôle de la seigneurie d'Orange, vers la fin du XIIe siècle[3], à la suite du mariage de Tiburge II avec son second époux, vers 1163, Bertrand Ier des Baux[9].
À la mort de Bertrand Ier, en 1181, et à la suite du règne de son troisième fils, Guillaume V/Guillaume Ier de(s) Baux (1181-1224), la principauté est codirigée par ses deux fils, Guillaume VI/Guillaume II et Raymond I (1225-1239)[8]. Pour Florian Mazel (Mazel, 2006) Guillaume Ier des Baux-Orange est l'« artisan de sa transformation en véritable principauté à partir de 1199 au moins » (Mazel, 2006)[3].
Raymond I « règne ensuite avec ses neveux et petits-neveux, enfants et petits-enfants de Guillaume VI »[8].
La principauté passe aux Chalon-Arlay, tige des Chalon, en 1393 à la mort de Raimond V[12], sa fille Marie des Baux d'Orange ayant épousé en 1386 Jean de Chalon d'Arlay.
Il laisse la principauté à un cousin en ligne paternelle Guillaume de Nassau-Dillenbourgle Taciturne (1533-1584), qui n'est donc pas un descendant des princes originels.
Celui-ci, âgé de 11 ans, doit abjurer le protestantisme et vit ensuite aux Pays-Bas, sous le contrôle de la régente Marie de Hongrie, sœur de l'empereur Charles Quint, souverain des Pays-Bas ainsi que roi de Castille et d'Aragon. Devenu adulte, Guillaume d'Orange-Nassau entre au service de Charles Quint, alors très souvent en guerre contre la France (sixième à dixième guerres d'Italie), puis de son fils Philippe (onzième guerre d'Italie).
Occupée par l'armée française, la principauté d´Orange est annexée unilatéralement par le roi Henri II en 1551 et intégrée au Dauphiné. Cependant, en 1559, les traités du Cateau-Cambrésis prévoient qu'elle soit restituée à Guillaume. La restitution a lieu peu après la mort d´Henri II, sous le règne de François II.
Après le retour de la paix, Philippe part vers l'Espagne dont il est devenu le roi Philippe II, confiant la régence des Pays-Bas à sa demi-sœur, Marguerite de Parme. Guillaume d'Orange, membre du Conseil d'État, est un des premiers personnages du gouvernement au début des années 1560.
Mais les tensions entre le roi d'Espagne et les Néerlandais aboutissent au soulèvement de 1568, dont Guillaume prend la tête. En 1581, sept des dix-sept provinces font sécession, formant ce qui va devenir la république des Provinces-Unies. Guillaume est assassiné en juin 1584 par un agent de Philippe II.
En tant que prince d'Orange, Guillaume est notamment à l'origine de la publication en 1567 d'un recueil d'ordonnances de la principauté :
Ordonnances de la principauté (1567), couverture
Page de garde, avec le sceau de Guillaume de Nassau
Principauté aux mains des Orange-Nassau (1584-1713)
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Fin de la principauté
Louis XIV occupe plusieurs fois le territoire de la principauté dans le cadre des guerres contre les Provinces-Unies (couramment appelées « Hollande »), dont la personnalité politique principale est alors le stathouder Guillaume III d'Orange-Nassau (roi d’Angleterre et d’Écosse à partir de 1688) : en , , et .
Après la mort de Guillaume III en , Louis XIV profite des démêlés concernant sa succession pour occuper la principauté[13],[14].
Carte de la principauté dans la première moitié du XVIIe siècle, reproduite de l'Atlas Maior de Willem Blaeu (1627)[15]. Le nord est en bas.Agrandissement et coloriage d'une partie de la section 121 de la carte de Cassini, mettant en évidence, en jaune, les enclaves de la principauté d'Orange dans le bas-Dauphiné, en bleu, les enclaves provençales, en rouge, celles du Comtat Venaissin.
Délimitation et situation
D'une superficie d'environ 180 km2, la principauté avait un territoire d'environ 19 km de long sur 15 km de large, s'allongeant du Rhône aux Dentelles de Montmirail.
Guillaume III désigna dans son testament comme héritier Jean Guillaume Friso de Nassau, descendant en lignée mâle du frère du Taciturne et par les femmes du Taciturne lui-même. Jean-Guillaume Friso fut désigné héritier des princes d'Orange aux Pays-Bas, et plusieurs de ses descendants furent stadhouders. Cette prétention se fondait sur la loi salique et sur le testament de Guillaume III, mais sans possession territoriale réelle depuis 1702 († de Guillaume) / 1713 (Paix d'Utrecht). La France ne leur permit en effet jamais d'obtenir quoi que ce soit de la principauté elle-même, mais ils en portèrent le titre chez eux. C'est ainsi que ce titre fit partie, comme titre souverain, de la titulature des derniers stadhouders des Provinces-Unies et de la famille royale néerlandaise actuelle, la maison d'Orange-Nassau.
René de Nassau hérite de son oncle Philibert la principauté d'Orange. Il prend alors le nom et les armes de la maison de Chalon-Orange. Il est resté dans l'histoire sous le nom de René de Chalon plutôt que comme « René de Nassau-Breda »[23]. À sa mort, sans héritier légitime direct, ses possessions passent à son cousin germain Guillaume, mettant fin au lien entre la maison de Chalon et la principauté d'Orange.
Guillaume Ier de Nassau (1544-1584), dit Guillaume le Taciturne, cousin du précédent, fut le premier stadthouder des Provinces-Unies. À l'origine comte d'un petit comté allemand faisant partie du duché de Nassau et héritier de son père de quelques fiefs en Hollande, il agrandit ses possessions aux Pays-Bas (seigneurie de Bréda entre autres) par l'héritage de son cousin René, prince d'Orange, alors qu'il n'avait que 11 ans.
À la suite de l'établissement du royaume uni des Pays-Bas pour Guillaume Ier (1772-1843), le titre de prince d'Orange devient par la loi le titre porté par l'héritier du trône.
Dans le roman catalan du XVe siècle Curial et Guelfe (Curial i Güelfa), la principauté d'Orange, et donc le titre, est octroyé au héros, Curial, par le roi de France[30].
Dans La Tulipe noire d'Alexandre Dumas, l'un des personnages principaux est le prince Souverain d'Orange, soutenu par les troupes orangistes face aux frères de Witt.
Notes et références
Références
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