Les élections législatives françaises de 1958 ont lieu les et . Elles visent à choisir les députés de la Ire législature de la Cinquième République. À l’issue du scrutin, 579 parlementaires (avec trois sièges vacants) sont ainsi élus. Elles sont précédées de deux mois par le référendum du 28 septembre 1958, qui a posé une partie des fondements de la Cinquième République et se traduit par un vote beaucoup plus favorable au gaullisme que celui des législatives précédentes, 1951 et 1956, même si l'abstentionnisme est significatif chez une partie des jeunes[1].
Contexte et campagne
Le retour de Charles de Gaulle au pouvoir ne se fait pas sans opposition. De Gaulle est investi président du Conseil et obtient les pleins pouvoirs constituants en juin 1958. Il nomme aussitôt une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution, cherchant à instaurer un régime semi-présidentiel. Pour parachever son projet constitutionnel, de Gaulle prépare un calendrier électoral chargé : référendum sur la Constitution de la Cinquième République le 28 septembre 1958, élections législatives anticipées les 23 et 30 novembre, élection présidentielle en décembre. Se forme alors un front d'opposition à de Gaulle, qui rassemble les partis de gauche et du centre, hostiles au nouveau régime semi-présidentiel : le PCF, la SFIO (même si le chef du parti, Guy Mollet, soutient de Gaulle jusqu'en janvier 1959), l'UDSR, ainsi que les radicaux. Ce front est battu à toutes les consultations de cette fin d'année.
Si de Gaulle donne des consignes pour que la liberté de vote en Algérie soit totale, Jacques Soustelle (en tant que ministre de l'Information) et les militaires présents en Algérie, sous la direction de Charles Lacheroy, s'efforcent d'obtenir l'élection de candidats favorables à l'Algérie française. Une intense propagande et des entraves répétées à la liberté d'expression des candidats « libéraux » ont lieu. Finalement, les 43 musulmans et 21 Européens élus sont tous favorables au maintien de l'Algérie à la France[2].
Répartition et modes de scrutin
L'Assemblée nationale sera composée de cinq cent soixante-dix-neuf députés.
Parmi eux, cinq cent quarante-six sont élus lors de ces élections, selon la répartition suivante[3] :
Soixante-sept pour l'Algérie française, dont vingt-et-un « de droit commun » revenant aux européens et quarante-six « de droit local » réservés aux autochtones ;
Viennent s'y ajouter les trente-trois députés des Territoires d'outre-mer élus précédemment, qui seront maintenus jusqu'au [4]. Ils seront replacés par six députés élus en 1959[5]
Les résultats des élections législatives marquent un échec des opposants à de Gaulle. Non seulement la gauche et le centre perdent de nombreux députés, mais plusieurs grandes personnalités de l'opposition sont battues et perdent leur siège : Jacques Duclos (PCF), Jules Moch, Robert Lacoste et Gaston Defferre (SFIO), François Mitterrand (UDSR), Charles Hernu, Pierre Mendès France, Edgar Faure et Édouard Daladier (Parti radical). Le nouveau mode de scrutin, choisi par de Gaulle et Michel Debré, favorise grandement les députés qui soutiennent le changement de régime et le retour de de Gaulle au pouvoir, la coalition gaulliste obtenant 402 sièges pour 43,1 % des voix au 1er tour, alors que la SFIO et le PCF obtiennent 50 sièges pour 36,1% des voix, perdant 272 sièges par rapport à la législature précédente. En effet, les élections législatives de 1958 sont les premières à recourir au scrutin majoritaire uninominal à deux tours depuis 1936. La nouvelle Assemblée nationale est plus à droite que la chambre « Bleu horizon » de 1919. Seule l'Assemblée nationale de 1871 était aussi à droite[11].
↑"Le comportement des électeurs français de 1958 à 1962, d'après une enquête par sondage" par Georges Dupeux, dans la Revue française de science politique, en 1964 [1]
↑Serge Berstein, La France de l'expansion, La République gaullienne (1958-1969), .